Karl Bömelburg, chef de la Gestapo en France (III)

Partie II

. A Vichy face aux maquis

Parce qu’il considère que son expérience peut encore s’avérer précieuse, Karl Oberg décide d’envoyer Bömelburg à Vichy pour qu’il y devienne son représentant personnel (Polizeiverbindungsführer). Assurant officiellement la liaison entre le siège de la SIPO-SD de l’avenue Foch et les dirigeants français, Bömelburg deviendra aussi dans les faits leur nouveau garde-chiourme. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, l’officier SS décide de prendre à bras-le-corps sa nouvelle tâche. Après qu’on lui a rapporté que la Résistance pourrait bien chercher à vouloir s’emparer de la personne du Maréchal, il commence par faire installer des postes de contrôle sur toutes les routes qui mènent à Vichy et fait revoir à la hausse les différentes mesures de sécurité déjà appliquées. On fera notamment construire un bunker afin d’abriter le personnel allemand pendant les bombardements et de nombreux murs seront édifiés pour protéger les bâtiments officiels contre d’éventuels attentats.

A Vichy, Bömelburg a choisi de s’installer dans une maison cossue située sur les bords de l’Allier, au n°19 de l’avenue des Cygnes (act. avenue Walter Stucki). Depuis ses appartements, il n’a que quelques mètres à faire pour rejoindre les vastes locaux où travaille le commandant local de la SIPO-SD, le KdS Hugo Geissler. En terme d’effectifs comme de moyens, le poste de Vichy est alors l’un des plus importants de tous ceux que la SIPO-SD possède en France. Installé dans plusieurs immeubles situés le long de l’avenue des Etats-Unis, il compte 156 officiers et sous-officiers, ainsi que 26 personnels civils. Une quinzaine d’agents français y travaillent aussi en permanence (sous la conduite de l’inspecteur Jany Batissier), tandis qu’une soixantaine d’autres servent d’indicateurs de façon régulière.

Né à Strasbourg en 1908, Hugo Geissler a d’abord été maître d’hôtel avant d’entrer dans la Kripo en 1935. Au cours des cinq années suivantes, il a été en poste successivement à Leipzig, Erfurt, Prague (où il a pu côtoyer Bömelburg) et Köln, avant d’être envoyé en France, d’abord à Paris puis à Vichy, où il est arrivé le 5 décembre 1940. Parfaitement francophone, Geissler s’est parfaitement intégré dans le tissu social et politique vichyssois. Sa compagne, Colette, n’est autre que la sœur de Jany Batissier.

Dans le cadre de leur mission, Geissler et Bömelburg auront de fréquents entretiens avec les responsables vichystes en charge des questions de sécurité. Ils seront aussi en lien étroit avec les autorités préfectorales  ainsi qu’avec le chef des gardes du corps du maréchal Pétain, le colonel de gendarmerie Lionel Barré. Du côté des dignitaires allemands, ils vont côtoyer le général von Neubronn, qui représente l’autorité militaire, ainsi que les diplomates von Renthe-Fink et Struwe, qui agissent en tant que délégués du Führer auprès des autorités françaises.

Et tous ces officiels vont avoir intérêt à bien s’entendre et à bien coopérer car le contexte politique et sécuritaire va devenir de plus en plus difficile. Depuis le printemps 1943 en effet, les choses ont commencé à se dégrader sérieusement pour les forces allemandes d’occupation. La nouvelle de la défaite de Stalingrad (2 février 1943) a considérablement remonté le moral de la Résistance française, mais elle a aussi semé le doute chez les collaborateurs et fait réfléchir de nombreux indécis. Vers la même époque et afin de pallier à une grave pénurie de main d’œuvre, les Allemands ont décidé d’instaurer un Service du Travail Obligatoire (STO), qui prévoit que tous les Français nés entre 1920 et 1922 partent travailler pendant deux années en Allemagne. Si 650 000 jeunes hommes se retrouveront effectivement Outre-Rhin, on comptera cependant plus de 250 000 réfractaires, dont environ 45 000 partiront rejoindre la clandestinité. Cet apport inespéré va permettre aux premiers grands maquis de se constituer, en particulier dans les Alpes, le centre de la Bretagne et le Massif central.

Or, face à tous ces développements, les autorités françaises font preuve d’une certaine forme d’inertie. Le 20 décembre 1943, le général Oberg se déplace donc lui-même à Vichy afin d’obtenir de Pierre Laval qu’il renvoie Bousquet et plusieurs autres responsables français, qu’il juge trop timorés face au développement du « terrorisme ». Pour les remplacer, Laval doit alors accepter de nommer des ultras de la collaboration, dont Joseph Darnand, le chef de la Milice française, qui va retrouver nommé au poste de secrétaire général au maintien de l’Ordre le 1er janvier 1944. En février 1944, son adjoint Jean Degans, jusque-là chef du renseignement de la Milice, devient le nouveau directeur des Renseignements Généraux de la police nationale. L’heure n’est plus aux demi-mesures1 et la lutte contre les maquis devient désormais une priorité pour Vichy.

Tout en poursuivant leur travail de police, les occupants se retrouvent pour la première fois contraint de recourir à l’option militaire. Le 12 février 1944, le maréchal Hugo Sperrle, commandant adjoint du front Ouest, va d’ailleurs définir dans une ordonnance le cadre légal de cette nouvelle politique, en précisant notamment que « toute attaque terroriste donnera désormais lieu à une riposte immédiate et sans sommation, les maisons de ceux qui auront abrité les coupables seront incendiées ». Le 4 mars suivant, le maréchal Keitel en rajoute en affirmant que « tous ceux qui seront pris les armes à la main pourront être fusillés directement sur l’ordre des commandants d’unité sans avoir à passer devant un tribunal militaire ».

Munis de ces blancs-seings, les soldats du lieutenant-colonel Rudolf Ufer débutent l’opération Caporal dans le département de l’Ain (5-13 février 1944). Ces quelques jours de combat vont entraîner 339 arrestations (dont 287 seront suivies d’une déportation) et faire 40 tués parmi les maquisards et leurs soutiens (réels ou supposés), tandis qu’une centaine de fermes seront incendiées. Première du genre, Caporal sera suivie par les opérations Hoch-Savoyen menée contre le maquis des Glières (24 – 27 mars 1944), Brehmer, conduite en Dordogne et en Corrèze (25 mars – 15 avril 1944) et enfin Frühling, menée dans le Jura sous le commandement du général Karl Pflaum (7-17 avril 1944).

Faute d’hommes en nombre suffisant, les Allemands doivent souvent se reposer sur les forces de maintien de l’ordre que le régime de Vichy a mis à leur disposition, en particulier les Groupes Mobiles de Réserve (GMR). Mais la combativité de ces unités n’est pas toujours leur point fort, surtout à mesure que la fin du conflit approche et que la défaite de l’Allemagne se précise. C’est pourquoi la Wehrmacht se tourne rapidement vers la SIPO-SD afin qu’elle mette en place des formations de volontaires français. Le RSHA va ainsi équiper non seulement la Milice française, mais également toute une série d’unités parfois assez folkloriques, à l’instar de la Brigade Perrot en Bretagne ou la Gestapo nord-africaine dans le Limousin. La plupart de ces hommes recevront des grades et des uniformes SS, mais au final ils se feront plus connaître pour leur brutalité et leurs exactions que pour leurs faits d’armes et leur efficacité opérationnelle.

Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie et c’est désormais une guerre ouverte qui va se dérouler sur le territoire français. En liaison avec Londres, la Résistance déclenche ainsi les fameux plans « vert » (sabotage de toutes les liaisons ferroviaires), « violet » (destruction des lignes téléphoniques), « noir » (destruction des dépôts de carburant), « jaune » (harcèlement des postes de commandement ennemis), « bleu » (abattage des lignes électriques) et « tortue » (actions de harcèlement contre les forces allemandes). Le pays est désormais à feu et à sang et la Résistance inflige des pertes sensibles aux Allemands. Bömelburg est d’ailleurs directement touché puisque le 12 juin 1944, son partenaire Hugo Geissler est tué lors d’une opération armée menée contre les maquis du Cantal2. Bömelburg lui succède alors en tant que KdS-Vichy.

Pour contrer cette montée en puissance des maquisards, la Wehrmacht doit alors s’engager dans des opérations militaires de grand style ; ce seront Treffenfeld dans le Jura (juillet 1944), Vercors dans l’Isère et la Drôme (juillet – août 1944) et Hochsummer en Isère (août 1944). S’estimant couverts par les consignes de leurs chefs et notamment la circulaire du 8 juin signée par le maréchal von Rundstedt, qui prescrit une répression sans pitié à l’égard des « francs-tireurs » et de leurs soutiens, les soldats allemands font preuve d’une violence qui va culminer le 10 juin avec le massacre des 642 habitants du village d’Oradour-sur-Glane.

La Sipo-Sd va participer directement à ces opérations puisque ses hommes vont systématiquement accompagner les compagnies de la Wehrmacht afin de servir de conseillers aux chefs militaires, notamment pour ce qui concerne le volet répressif. La Gestapo elle-même ne sera pas en reste car elle va procéder à l’exécution d’un grand nombre de ses propres prisonniers afin d’éviter qu’ils ne tombent vivants aux mains des libérateurs3.

Mais le 20 juillet 1944 et tandis que les combats font rage, Bömelburg apprend avec stupéfaction qu’un attentat vient d’être commis contre le Führer. Et il est encore plus décontenancé lorsqu’on lui rapporte que ses propres chefs, Oberg et Knochen, ont été arrêtés à Paris sur l’ordre du général Walter Braehmer, commandant de la 325ème division de sécurité. Après quelques heures d’incertitude, il apparaît cependant qu’Hitler a survécu à ses blessures, mais aussi qu’Oberg et Knochen ont finalement été libérés. La répression de ce coup d’État manqué sera terrible. Directement impliqué, le gouverneur militaire allemand de la France, le général Carl-Heinrich von Stülpnagel, sera transféré à Berlin sous bonne escorte, condamné à mort et pendu à un croc de boucher le 30 août 1944. Si Oberg parviendra de justesse à éviter la destitution, Knochen sera limogé et rétrogradé au rang de simple soldat. Cet épisode aura néanmoins une conséquence positive pour la SS. Enfin débarrassée de la tutelle pesante de la Wehrmacht, elle disposera désormais d’une autorité sans partage, y compris sur l’Abwehr.

La situation militaire n’en continue pas moins de s’assombrir de jour en jour. Le 21 août 1944, après la chute de la «  poche de Falaise », le front allemand en Normandie commence à s’effondrer. Un ordre d’évacuation générale est alors transmis par le nouveau commandant suprême à l’Ouest, le général Walter Model. Brûlant toutes les archives qu’il ne peut emporter, Oberg quitte Paris dans la précipitation. La veille, le dimanche 20 août 1944, et conformément aux ordres qu’il a reçus de Berlin, Bömelburg a organisé le transfert forcé du maréchal Pétain et de ses services vers l’Allemagne. Ce jour-là, à 6h40 du matin, les portes de l’Hôtel du Parc ont été forcées par un détachement d’une centaine de soldats et de SS conduits par l’officier Detering, l’adjoint de Bömelburg. Il s’agissait en réalité d’une mise en scène destinée à ménager l’honneur du chef de l’Etat français, qui ne voulait pas partir mais refusait pour autant de faire tuer ses gardes en vain. A 8h15, Philippe Pétain, son épouse et quelques proches montent donc à bord d’un convoi de véhicules qui va les conduire jusqu’à Belfort. Presqu’au même moment, Pierre Laval, qui avait démissionné, est arrêté à Paris. Alors que l’avance alliée se poursuit, les deux chefs de l’exécutif français seront d’abord emmenés à Baden-Baden, avant d’être finalement installés à Sigmaringen, où ils arriveront tous les deux le 8 septembre 1944.

. Terminus Sigmaringen

Pendant près de huit mois, de septembre 1944 jusqu’en avril 1945, Bömelburg et Detering vont assurer la sécurité de la commission gouvernementale de Sigmaringen, autrement dit du gouvernement vichyste en exil.

Parmi la centaine de dignitaires français désormais installés dans l’enceinte du vieux château des Hohenzollern (dont les propriétaires légitimes ont été expulsés le 30 août précédent), on retrouve deux grands types de personnages ; les « actifs » et les « dormants ». Ces derniers, au premier rang desquels se trouvent le maréchal Pétain et le président Laval, se considèrent comme les prisonniers des Allemands et refusent donc de collaborer d’une quelconque façon avec eux. Le chef de l’Etat notamment passe tout son temps au troisième étage du bâtiment et n’en sort que le dimanche pour se rendre à l’église.

Quant aux « actifs », ils espèrent encore la victoire de l’Axe et s’investissent donc pleinement dans les instances de l’exécutif français en exil. Leur chef de file est sans conteste Fernand de Brinon, le président de la commission gouvernementale, qui continue d’avoir des entretiens réguliers, non seulement avec les officiels allemands, mais aussi avec les ambassadeurs des pays alliés du Reich. Il s’est entouré d’un état-major très actif, où l’on trouve notamment Jean Luchaire, le délégué à l’information. L’homme, qui se distingue comme le plus ultra des ultras, s’occupe de la publication du journal officiel (La France) et de la publication des émissions de radio (Ici la France). Le ministre du Travail, Marcel Déat, prétend de son côté vouloir régenter la vie des hommes du STO. Joseph Darnand s’attelle pour sa part à organiser le versement de ses miliciens dans la Waffen-SS ou le SD. Quant à Jacques Doriot, qui n’a pas voulu s’installer à Sigmaringen, il va bientôt former dans une ville voisine un fantomatique Comité de Libération Française.

A côté de ces hauts responsables, qui vivent et travaillent pour la plupart au château, on retrouve quelques 2 500 exilés français, qui habitent quant à eux en ville, dans des hôtels ou des logements réquisitionnés pour l’occasion. A côté des fonctionnaires, des officiers et des soldats, on retrouve aussi quelques hommes de lettre, comme Lucien Rebatet et Louis-Ferdinand Céline (qui continue à pratiquer la médecine), mais aussi le journaliste Pierre-Antoine Cousteau ou encore l’acteur Robert Le Vigan. Chaque matin, comme dans un petit royaume d’opérette, la Milice lève les trois couleurs au son de la fanfare militaire.

Bömelburg habite pour sa part au rez-de-chaussée du château. Il dispose là d’un appartement luxueux où il vit avec son épouse et sa fille. Sa tâche n’est pas simple cependant, car il doit organiser le travail des sentinelles et délivrer les laisser-passer qui permettront éventuellement aux exilés de se déplacer à l’extérieur de la ville. Au fil des mois, il va ainsi devenir une figure familière de ce petit monde étrange où les frictions sont fréquentes et où règne une atmosphère de plus en plus crépusculaire à mesure que se rapprochent les armées alliées et que la certitude de la défaite envahit les esprits. Mélange toujours étonnant de sévérité prussienne et de bonhomie mondaine, Bömelburg dîne fréquemment au restaurant avec le journaliste Jacques de Lesdain. Quant à Céline, qui le croisera souvent, il le dépeindra plus tard (mais de façon très romancée) dans sa trilogie nordique sous les traits du personnage de Von Raumnitz.

Pendant longtemps, les exilés de Sigmaringen voudront croire à un improbable retournement de la situation militaire. Ils s’imaginent que la retraite allemande n’est que tactique ou encore que des « armes miracles » vont bientôt entrer en action et changer la donne. Au début de l’offensive des Ardennes fin 1944, un frémissement d’espoir parcoure même toute la colonie française. Mais dès les premières semaines de janvier 1945, il faut se rendre à l’évidence, la partie est perdue. La mort de Doriot, abattu dans des circonstances troubles le 23 février par des avions anglais, apparaitra comme un signe du destin. Le parti de la collaboration venait de perdre sa dernière figure d’importance.

Les Alliés se rapprochant inexorablement, le château de Sigmaringen finit par se vider peu à peu de ses occupants. Dès le 2 mars 1945, Pierre Laval obtient de pouvoir quitter les lieux aux côtés des ex ministres Maurice Gabolde et Pierre Marion. Au même moment, Céline prend le chemin vers le Danemark avec son épouse et leur chat. Dans la nuit du 30 mars au 31 mars, l’armée du général De Lattre franchit pour la première fois le Rhin. Au matin du 21 avril 1945, alors que le Reich vit ses derniers instants et tandis qu’Hitler et son état-major sont encerclés dans Berlin par l’armée soviétique, Bömelburg coordonne le départ précipité des autorités françaises vers le lac de Constance. Seul Pétain et ses plus proches collaborateurs auront droit à une escorte car pour tous les autres, c’est le sauf qui peut général. Tandis que les archives de la commission gouvernementale achèvent de partir en cendres, le convoi s’ébranle sur les routes sinueuses des Alpes. Cette fois-ci c’est vraiment la fin. Le 24 avril, au terme d’ultimes péripéties et après en avoir reçu l’autorisation de ses supérieurs, Bömelburg abandonne le maréchal Philippe Pétain aux autorités suisses au poste frontière de Sankt-Margrethen.

Si l’ex chef de l’Etat français va échapper de peu à l’exécution en vertu d’une grâce de dernière minute, ce ne sera pas le cas de Luchaire, Laval, Darnand et de Brinon qui seront tous les quatre fusillés. Quant à leur ancien surveillant, Karl Bömelburg, il disparaît pour ainsi dire dans la nature.

. Une fin mystérieuse

Pendant longtemps, la fin de l’ancien chef gestapiste a été entourée de mystère. Dès lors que l’on abordait le sujet, on se contentait souvent de répéter la même version des faits  sans chercher à l’appuyer sur des faits établis. En l’occurrence, la version la plus documentée se trouve dans les archives récemment déclassifiées de la CIA.

Dans son rapport du 12 novembre 19594, le chef de la poste de la CIA à Munich présente ainsi le compte-rendu de l’entretien que l’une ses sources, un dénommé CARETINA, a eu en mai 1959 avec Rolf Bömelburg, le fils de Karl. D’après lui, au moment de la capitulation, son père est parvenu à subtiliser les papiers d’identité d’un certain Karl-Heinrich Bergmann, né à Wuppertal le 14 mai 1893, marchand de son état. Grâce à ces documents, il a réussi à réchapper aux recherches des Alliés et s’est alors installé avec son épouse dans une maison située au n°28 de la Riedstrasse, sur la commune de Dietramszell, au sud de Munich. Certaines sources prétendent qu’il aurait pu y être abrité par un hobereau local, qui en aurait d’abord fait son jardinier avant de l’engager pour devenir son bibliothécaire personnel. Tandis que ses chefs, Oberg et Knochen étaient successivement arrêtés puis extradés en France5, et alors que son ancien adjoint, Hans Kieffer, était condamné à mort et pendu par un tribunal militaire britannique, Karl Bömelburg réussira donc pour sa part à réchapper à la traque menée contre lui.

Mais sa situation demeurait très précaire et cela joua sans doute fortement sur son état de santé, qui n’était déjà plus très bon. Finalement, il dut être amené à l’hôpital municipal de Bad Tölz, où il mourut le 26 décembre 1947 à 17h45, d’une artériosclérose cérébrale doublée d’une hypostase pulmonaire. Il fut enterré dans le cimetière de Waldfriedhof, à Bad Tölz. Deux ans plus tard, le 6 septembre 1949, son fils Rolf (qui travaillait alors comme traducteur dans un centre pour réfugiés géré par l’armée américaine), obtint du tribunal civil (Amtsgericht) de Munich que Karl-Heinrich Bergmann soit considéré comme ayant été Karl Bömelburg. Cette version des faits fut confirmée grâce à une enquête de police menée pour la CIA par un agent nommé CASTONE-4. Après son décès, survenu à Munich le 31 octobre 1956, l’épouse de Bömelburg fut enterrée à ses côtés.

De nombreuses rumeurs continueront cependant de courir sur les circonstances exactes de la disparition de Bömelburg. En 1948, les Français et les Belges demanderont d’ailleurs formellement aux autorités militaires américaines de leur fournir toutes les informations dont elles pourraient disposer à son propos. Le 2 mars 1950, Karl Bömelburg sera condamné à mort par contumace par le Tribunal militaire de Lyon6. Il était également recherché par la Tchécoslovaquie pour son rôle dans la répression menée en 1939-1940.

Depuis la fin de la guerre, la figure de ce personnage n’a jamais cessée d’être évoquée par tous ceux qui se sont penchés sur l’histoire de cette période, à commencer par Jacques Delarue dans son ouvrage fondateur de 1962. Et pourtant, comme nous l’avons rappelé en introduction, aucune étude universitaire ne lui a encore été consacrée, ce qui est un comble lorsque l’on songe au rôle central qui fut le sien durant l’occupation. Il a été très peu cité dans les documentaires et n’est presque jamais apparu dans les innombrables œuvres de fiction qui ont pourtant traité de cette époque. Notons tout de même que son rôle a été brièvement incarné par l’acteur Jaromir Janecek dans le téléfilm réalisé en 2004 par Denis Granier-Deferre, 93 rue Lauriston.

. Le bilan de la répression allemande en France

Cela ne fait qu’une quinzaine d’années que l’on dispose de données quantitatives sur la répression exercée par les forces de sécurités allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale.

Rappelons tout d’abord que la plupart des citoyens et résidents français qui ont été tués au cours de la Seconde Guerre mondiale l’ont été durant les combats, d’abord lors de la campagne de mai-juin 1940, puis au moment de la libération du territoire entre juin et décembre 1944. Rappelons aussi que la répression allemande n’a pas été uniquement le fait du SIPO-SD mais que les forces armées y ont joué un rôle majeur.

Ces considérations mises à part, Jean Quellien et les rédacteurs de l’ouvrage La France pendant la Seconde Guerre mondiale (2010), estiment à environ 425 000 le nombre total de victimes françaises du conflit, dont 195 000 soldats et 230 000 civils. Ce chiffre global comprend également ceux qui ont été tués sous le drapeau du Reich (qu’ils se soient engagés volontairement ou non), mais aussi les soldats français morts durant leur captivité dans les stalags allemands.

Pour mesurer plus exactement l’ampleur de la répression allemande, il faut rappeler qu’on estime à environ 300 000 le nombre de personnes arrêtées et détenues en France par les services de sécurité allemands7. Sur ce total, et d’après les travaux menés par Serge Klarsfeld et publiés à partir 1978, on estime qu’environ 76 000 ont été déportées vers l’Allemagne pour des motifs raciaux (dont 73 000 sont morts et moins de 3 000 ont survécu). Par ailleurs, au cours de cette même période, la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a recensé environ 88 000 individus déportés pour des motifs politiques (dont environ 35 000 sont morts et 53 000 ont survécu). En additionnant ces deux chiffres, on obtient ainsi celui de 108 000 morts en déportation ou durant leur internement en France.

Mais il faut encore y ajouter le nombre de ceux qui ont été exécutés sur le territoire français, le plus souvent par les autorités allemandes, mais aussi par la justice française ou par la Milice. Grâce aux travaux menés par Jean-Pierre Besse et Thomas Bouty, on sait que près de 3 000 personnes ont été exécutées sur décision des tribunaux allemands. La répression légale menée par Vichy a été beaucoup plus réduite et se chiffre à une centaine d’exécutions tout au plus, la plupart ayant été le fait des cours martiales de la Milice. Par ailleurs, nous savons grâce aux recherches de Peter Lieb qu’environ 15 000 personnes (dont 12 000 résistants et 3 000 civils) ont été tués par les forces de sécurité allemandes de façon extra-judiciaire lors des luttes qui ont marqué la libération entre juin et novembre 1944. Le nombre des personnes tuées sur le territoire français est donc d’environ 18 000.

En additionnant les deux chiffres, celui des morts en déportation et celui des personnes abattues en France, on aboutit ainsi à un total (très approximatif) d’environ 126 000 victimes directes de la répression allemande entre juin 1940 et mai 1945, soit 30% du nombre total des victimes de guerre. Si ce chiffre reste très en deçà de ceux qui ont été avancés après la guerre et même de ceux qui ont été (ou sont encore) mentionnés dans certains ouvrages, il n’en demeure pas moins que la période de l’occupation a vu s’abattre sur la France la plus formidable répression politique qu’elle a connue de toute son histoire. Au vu de ce que nous avons dit plus haut, on mesurera désormais mieux le rôle que Karl Bömelburg a joué dans cet épisode et l’on regrettera d’autant plus qu’il ait pu réchapper aux conséquences de ses actes.

Notes : 

1 Au début de 1943, la plupart des anciens dirigeants français de la 3ème République seront ainsi déportés en Allemagne (Blum, Daladier, Reynaud, Gamelin, Weygand, Jouhaux, Mandel, etc). Ces prisonniers de luxe bénéficieront toutefois de conditions de détentions exceptionnellement confortables par rapport aux détenus ordinaires. Au même moment, le successeur de Dannecker à la tête du service IV-B-4, Aloïs Brunner, va multiplier les déportations de Juifs, qui vont atteindre sous sa direction des proportions inédites. Ne s’embarrassant plus de susceptibilités, Brunner fera systématiquement déporter adultes, femmes et enfants, qu’ils soient étrangers ou français.

2 Le 12 juin 1944, un groupe de soldats SS accompagnés de Miliciens français arrivent à Murat, où on leur a signalé la présence de résistants. Plusieurs suspects sont appréhendés dans les collines avoisinantes et quatre d’entre eux, qui avaient été pris les armes à la main, sont fusillés sur place. Treize autres sont emmenés à la mairie pour y subir des interrogatoires. C’est alors qu’un détachement de résistants armés arrive dans le village et qu’une fusillade éclate. Six soldats allemands et quatre miliciens sont tués et quinze autres blessés lors de ces affrontements. Hugo Geissler sera lui-même abattu au moment où il sortait de la mairie pour commander ses hommes. Les Allemands décident alors d’exercer des représailles à la hauteur de l’affront qu’ils viennent de subir. Le 14 juin, ils commencent par faire fusiller 25 otages (dont 3 Muratais) dans le village voisin de Soubizergues. Ils reviennent en force à Murat le 24 juin. Une dizaine de maisons sont alors incendiées tandis qu’une grande rafle est organisée au cours de laquelle 119 Muratais sont arrêtés. Ils seront déportés au cours du mois de juillet vers le camp de concentration de Neuengamme près d’Hambourg. Seuls quatre d’entre eux survivront jusqu’à la libération.

3 87 prisonniers de la Gestapo seront ainsi abattus à Caen dès le 6 juin 1944, 109 à Bron près de Lyon entre le 17 et le 21 août, 120 le 20 août au fort de la Côte Lorette près de Lyon et 49 seront fusillés à Creney près de Troyes le 22 août. De nombreux préfets et généraux seront également arrêtés et déportés au cours du printemps 1944, non parce qu’ils résistaient mais parce qu’on ne souhaitaient pas qu’ils puissent mettre leurs compétences au service des Alliés.

4 Référence EGMA 45888, le document est désormais disponible sur le site officiel cia.gov.

5 Karl Oberg fut arrêté le 25 mai 1945 à Kirchberg près de Kitzbühel en Autriche tandis que Knochen été arrêté à Kronach, près de Bayreuth en Bavière le 16 janvier 1946. Transférés en France pour y être jugés, ils seront tous les condamnés à mort puis graciés et finalement libérés en novembre 1962. Oberg mourra peu de temps après son retour en Allemagne en 1965, mais Knochen lui survivra jusqu’en 2003.

6 Jugement contre Helmut Kienast et autres (20 février – 2 mars 1950). Tribunal des forces armées de Lyon.

7 Cf Dominique Lormier : Les Crimes nazis lors de la libération de la France, Le Cherche Midi, 2014.

Bibliographie :

Archives :

. Dossier Bömelburg aux archives de la préfecture de police de Paris : PP-GA-B8

. Dossier Bömelburg aux National Archives and Records Administration (NARA) : RG-242/A 3343/SSO/085 (ou 089 ?)

Ouvrages :

. Arnaud, Patrice & Théofilakis, Fabien : Gestapo et polices allemandes, France-Europe de l’Ouest, 1939-1945, CNRS Editions, 2017.

. Auda, Grégory : Les belles années du « Milieu », Michalon, 2002.

. Besse, Jean-Pierre (et alii) : Les Fusillés (1940-1944), Les Editions de l’Atelier, 2015.

. Bourgois, Guillaume : La Véritable histoire de l’Orchestre rouge, Nouveau Monde Editions, 2015.

. Cointet, Jean-Paul : Sigmaringen, Tempus, 2003.

. Delarue, Jacques : Histoire de la Gestapo, Fayard, 1962 (nombreuses rééditions augmentées).

. Fontaine, Thomas : Chronologie, Répression et occupation en France occupée 1940-1945, Science Po, 2009.

. Klarsfeld, Serge : Mémorial de la déportation des Juifs de France, FFDJF, 2012 (édition revue et augmentée de celle de 1978).

. Lacroix-Ritz, Annie : Les Élites françaises entre 1940 et 1944, De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine, Armand Collin, 2016.

. Leib, Peter : Répression et massacres. L’occupant allemand face à la résistance française, 1943-1944, Autrement, 2007.

. Leleu Jean-François, Pessera Françoise, Quellien Jean : La France pendant la Seconde Guerre mondiale, Atlas historique, Fayard/Ministère de la Défense, 2010.

. Lormier, Dominique : Les Crimes nazis lors de la libération de la France, Le Cherche Midi, 2014.

. Lormier, Dominique : La Gestapo et les Français, Pygmalion, 2013.

. Maloubier, Robert : Les Secrets du Jour J, Editions de la Boëtie, 2014.

. Marshall, Robert : All the King’s Men, the Truth behin SOE’s Greatest Wartime Disaster, Fontana Press, 1989.

. Sautermeister, Christian : Louis-Ferdinand Céline à Sigmaringen, Gallimard, 2013.

Documentaire :

. Kraland, Stanislas : Paris, les lieux secrets de l’occupation, prod. La Famiglia, RMC Découverte, 2017.

Annexe : 

La hiérarchie SS en France occupée (1940-1944)

I. Direction générale

A. Chef suprême de la SS et de la police dans le ressort du gouvernorat militaire de France (Höherer SS und Polizeiführer im Bereich des Militärbefehlshabers in Frankreich, HSSPF-Frankreich)

Siège : 57 boulevard Lannes, Paris

VI.42 – XI.44 : Karl Albrecht Oberg

B. Commandant de la police d’ordre en France (Befelshaber der ORPO in Frankreich, BdO-Frankreich)

Siège : 44-48 rue de la Faisanderie, Paris

. V.42 – I.43 : Boldo von Schweinichen

. I.43 – II.43 : Walter Schimana

. III.43 – VIII.44 : Paul Albert Scheer

C. Chef du bureau de la SIPO-SD en France (Chef der Dienstelle SIPO-SD im Frankreich, 1940-1942) puis Commandant de la police de sécurité en France (Befelshaber des SIPO-SD in Frankreich, BdS-Frankreich, 1942-1944)

Siège : 60, 72-78, 80-85 avenue Foch, Paris

. VI.42 – VIII.44 : Helmut Knochen

. Adjoint (XI.40 – I.43) : Kurt Lischka

II. Organigramme central du BdS

. Bureau n°1/Abteilung I/Verwaltung (gestion du personnel, soldes, avancements, mutations)

Siège : 85 avenue Foch, Paris

. … – … : Frank

. … – VIII 44 : Karl-Wilhelm Altenloh

. Bureau n°2/Abteilung II/Polizei und Recht (administration générale, questions de législation, liaisons administratives avec l’armée allemande et la police française)

Siège : 74 et 85 avenue Foch, Paris

. …. – …. : Gerhard Mayer-Falk

. … – II.44 : Horst Laube

. Bureau n°3/Abteilung III/Lebensgebiete (questions économiques, répression des trafics de devise et du marché noir, enregistrement et saisies des biens des personnes arrêtées, main d’œuvre)

Siège : 60 avenue Foch, Paris

. … – VIII.44 : Kurt-Friedrich Maulaz

. Bureau n°4/Abteilung IV/Gegner und Abwehr (police politique, arrestation des ennemis du Reich)

Siège : 11 rue des Saussaies à Paris jusqu’en septembre 1942, puis 80-84 avenue Foch

. VIII.40 – IX.43 : Karl Bömelburg

. IX.43 – VIII.44 : August Stindt

. Bureau n°5/Abteilung V (Kripo, répression de la criminalité)

Siège : 74, avenue Foch

. Walter Odewald

. Ernst Wunderlich

. Gustav Halswick

. Bureau n°6/Abteilung VI/SD-Ausland (renseignement politique)

Siège : 76, avenue Foch et boulevard Flandrin

. VI.42 – VII.43 : Herbert Hagen

. VII.43 – VIII.44 : Hermann Bickler

. Bureau n°7/Abteilung VII (études et idéologie)

. VII.40 – XII.43 : Andreas Biederbick

III. Organisation territoriale du BdS

1. Zone Nord1

KdS-Paris

QG : 11 rue des Saussaies, Paris

Lieux de détention : Cherche-Midi, Petit-Roquette, quartiers politiques des prisons de la Santé et de Fresnes, du fort de Romainville et de la caserne des Tourelles, centre d’internement de Drancy, etc.

Zone de compétence : Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne

. I.43 – X.43 : Kurt Lischka

. X.43 – V.44 : Hans Henschke

. V.44 – VIII.44 : Kurt Neifeind

[Service IV : Heinrich Hillers]

KdS-Rouen

Crée en juillet 1940 comme Aussenkommando avant de devenir un KdS en 1942

QG : 1-9 rue du Donjon

Zone de compétence : Seine-Maritime, Calvados, Cotentin, Eure, Orne, Manche

. IV.41 – I.43 : Werner Rudolf Mühler

. I.43 – V.44 : Anton Dauber

. V.44 – VIII.44 : Bruno Müller

KdS-Saint-Quentin

QG : 10-12 rue Charles-Picard

Lieu de détention : prison de l’hôtel des Quatre boules (rue de Longueville)

Zone de compétence : Somme, Aisne, Ardennes, Oise

. VI.42 – IX.42 : Hans-Joachim Peters

. IX.42 – VIII.44 : Karl-Dieter Westphal

KdS-Orléans

QG : 46-48 boulevard Alexandre-Martin

Zone de compétence : Loir-et-Cher, Cher, Eure-et-Loir, Loiret

. VI.42 – IX.42 : Karl Dieter Westphal

. IX.42 – VIII.44 : Friedrich Merdsche

KdS-Angers

QG : 16 rue de la Préfecture (service IV au 3 rue de Chaperonnière)

Lieu de détention : prison du Grand Séminaire (36-38 rue Barra)

Zone de compétence : Loire-Inférieure, Indre-et-Loire, Sarthe

. III.42 – VIII.44 : Hans Dietrich Ernst

KdS-Poitiers

QG : 13 rue des Écossais

Zone de compétence : Vienne, Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vendée.

. VI.42 – XI.42 : Emil Fraise

. XI.42 – IX.44 : Hermann Herold

[Service IV : Otto Hoffmann]

KdS-Rennes

QG : Cité des Étudiantes, 2 avenue Jules-Ferry (act. Avenue Doyen Roger-Houin)

Zone de compétence : Finistère, Côtes-du-Nord, Morbihan, Ille-et-Vilaine

. VI.42 – I.43 : Hermann Karl Peter Heerdt

. I.43 – VIII.44 : Hartmut Pulmer

KdS-Bordeaux

Crée le 1er août 1940 comme Aussenkommando avant de devenir un KdS en 1942

QG : 224 avenue du Maréchal-Pétain (act. 220-224 avenue de la Libération), Le Bouscat

Lieu d’internement : Fort du Hâ

Zone de compétence : Gironde, Pyrénées-Atlantiques, Landes

. VIII.40 – V.42 : Herbert-Martin Hagen

. V.42 – 19.X.43 : Hans Luther

. X.43 – VIII. 44 : Walter Machule

[Amt IV du KdS Bordeaux, I.42 – VIII.44 : Friedrich-Wilhelm Dohse]

KdS-Dijon

Crée 1940 comme Aussenkommando et rattaché au BdS de Strasbourg jusqu’en décembre 1941, devient un KdS en 1942

QG : 9 bis rue du Docteur-Chaussier

Zone de compétence : Côte-d’Or, Nièvre, Yonne, Belfort, Doubs, Saône-et-Loire

. VI.42 – XI.43 : Gustav Meier

. XI.43 – VIII.44 : Wilhelm Hülf

KdS-Nancy

QG : 58 bis boulevard Albert Ier

Zone de compétence : Meurthe-et-Moselle, Vosges, Meuse

. VI.42-? : Horst Ellissen

. ? – VI.43 : Rudolf Schmäling

. VI.43 – XI.43 : Wilhelm Altenloh

. XI.43 – X.44 : Franz Hoth

[Amt IV : Georg Antzinger]

KdS-Châlons-sur-Marne (act. Châlons-en-Champagne)

QG : Maison de l’Agriculture, 7 Cour d’Ormesson

Zone de compétence : Marne, Aube, Haute-Marne

. VI.42 – V.43 : Modest von Korff

. VIII.43 – VIII.44 : Karl Ludcke

2. Zone Sud

KdS-Limoges

QG : Hôtel Moderne (6 boulevard Victor-Hugo), Hôtel de la Paix (25 place Jourdan), puis n°2 impasse Tivoli (act. Impasse Saint-Exupéry)

Zone de compétence : Haute-Vienne, Limousin, Dordogne, Corrèze, Indre

. XI.42 – V.43 : Hans Nikolai Jessen

. V.43 – VII.44 : August Meier

[Amt IV : Erik Bartels]

KdS-Lyon

QG : Hôtel Terminus (12 Cours de Verdun, 1942-43) puis 32 Place Bellecour (43-44)

Lieux de détention : prison Montluc (rue Jean-Hachette) et fort de Lamothe (67 rue du Repos)

Zone de compétence : Rhône, Loire, Drôme, Jura, Savoie (1943), Haute-Savoie (1943), Isère (1943).

. XI.42 – IV.43 : Rudolf Mühler

. IV.43 – VII.43 : Friedrich Hollert

.VII.43 – VIII.44 : Werner Knab

[Amt IV, II.43 – VIII.44 : Klaus Barbie]

KdS-Marsilia (Marseille)

QG : 397 et 425 rue Paradis (service IV au 401 rue Paradis)

Zone de compétence : Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Gard (+ Var, Alpes-Maritimes, Hautes-Alpes et Basses-Alpes en septembre 1943)

. XII.42 – I.43 : August-Rudolf Moritz

. I.43 – V.44 : Rudolf Mühler

. V.44 – VIII.44 : Wilhelm Nölle

[Amt IV : XII.42-IX.43 Leo Nüttgens, X.43-V.44 Heinz Pfanner, V-VIII.44 Günter Hellwing. Leur principal adjoint était le chef de la section IV-E, Ernst Dunker, dit « Delage »]

KdS-Montpellier :

QG : Villa des Rosiers, 3-6 chemin de Castelnau (act. Rue de Castelnau)

Lieu de détention : caserne Grossetti (18 rue Sainte-Ursule)

Zone de compétence : Hérault, Aude, Aveyron, Lozère, Pyrénées-Orientales

. XI.42 – IV.43, VII.43 – VIII.44 : Helmut Tanzmann

. IV.43 – VII. 43 (intérim) : Fritz-Adolf Hinrichs

KdS-Toulouse :

QG : Hôtel de l’Ours blanc (2 rue Victor-Hugo) et 2 rue Maignac (act. 2 rue des Martyrs-de-la-Libération)

Lieux de détention : prison militaire Furgole (place des Hauts Murats)

Zone de compétence : Haute-Garonne, Ariège, Tarn-et-Garonne, Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées, Lot

. XI.42 – VI.43 : Helmut Retzek

. VI.43 – 10.XII.43 : Rudolf Bilfinger

. 10.XII.43 – VIII.44 : Friedrich Suhr

[Amt IV = V.43 – VIII.44: Karl-Heinz Müller]

KdS-Vichy :

Fondé dès le mois de décembre 1940 en tant que délégation de la police allemande auprès des autorités gouvernementales française, devient KdS en novembre 1942.

QG : Hôtel du Portugal, 121 boulevard des Etats-Unis

Zone de compétence : Allier, Puy-de-Dôme, Haute-Loire, Cantal

. XII.40 – VI.44 : Hugo Geissler

. VI.44 – VIII.44 : Karl Bömelburg

[Service IV : Arno Wesser]

Le poste de Lille était rattaché au BdS de Belgique dont le QG se trouvait à Bruxelles. Installé au n°14 de l’avenue du Jardin-botanique (actuelle avenue du Général-Leclerc), puis au 20 de la rue François-de-Badts et enfin avenue Saint-Maur, il fut dirigé successivement par Meissner (août 1940 – mars 1941), Hans Witt (mars-août 1941), Viktor Harnisfeger (août 1941 – décembre 1942), Karl Dobritz (décembre 1942 – avril 1944) et Günther Rausch (avril – septembre 1944). Le poste de Metz était pour sa part rattaché au Reich. De 1940 à 1944, il fut sous l’autorité d’Anton Dunckern. Le poste de Strasbourg était dans la même situation. Il fut dirigé successivement par Gustav-Adolf Schell (août 1940 – janvier 1941), Hans Fischer (janvier 1941 – décembre 1943) et Erich Isselhorst (décembre 1943 – janvier 1945).

. Crédit photographique : L’Hôtel du Parc à Vichy, résidence et bureau du maréchal Pétain de 1940 à 1944 (By TCY (Own work) [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)%5D, via Wikimedia Commons).

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